Ellia s'arrêta au milieu du hall d'entrée, elle déposa avec soulagement sa grosse valise noir à côté d'elle puis survola la salle du regard tout en étendant ses bars fatigués devant elle. La grande pièce au haut plafond et au sol carrelé était bondée, remplit d'élèves de tout âge le traversant de long en large, s'arrêtant parfois pour discuter un peu avant de repartir d'un pas pressé vers une salle de cours s'engageant sans hésitation dans tel ou tel couloir avec l'assurance de celui qui connait les lieux, de professeurs se distinguant, si ce n'est par leur taille, par leur accoutrement plus sobre et leur comportement plus réservé (pour la plupart en tout cas). Ce qu'elle remarqua particulièrement, c'est l'absence de plan mural avec un clinquant « Vous êtes ici » ou bien d'un quelconque panneau d'indication, du moins s'il y en avait la foule les cachait de son agitation.
Elles resta donc quelques minutes là , tapant nerveusement du pied en tentant de faire un choix. Elle était tout bonnement incapable d'aller demander son chemin à quelqu'un, d'une part parce qu'elle est bien trop timide et soucieuse de les déranger et d'autre part parce que tout ce monde ne lui inspirait pas confiance, chaque inconnu passant trop prés d'elle lui évoquait méfiance et rien d'autre. Dans cette indécision, une idée sournoise se glissa dans son esprit : pourquoi ne pas tenter sa chance dans les couloirs ? À force d'en emprunter le plus possible elle finirait bien par trouver le bureau d'administration ou bien le dortoir des filles plus simplement. Quoi qu'il en soit l'idée lui parut aussitôt bien plus excitante, si bien qu'elle refoula la faible opposition qui lui conseillait si sagement la prudence. Après tout elle pourrait se perdre . . . Y passer toute la journée et même la nuit . . . . Enfin de toute façon elle verrait n'est-ce pas ? Bien qu'une petite voie lui soufflait toujours le contraire elle saisit sa valise et se dirigea vers le couloir le plus proche sans même réfléchir.
Elle s'avançait donc avec détermination lorsqu'elle aperçut un fille un peu plis âgée qu'elle à l'air plutôt rassurant, à vrai dire c'était son aspect normal qui inspirait si confiance. Elle portait un petite chemisier, une jupe courte plissée et des bottine plutôt classique, l'archétype de la lycéenne pour faire clair. Pourquoi ne pas lui demander à elle ? C'était bien moins risqué que les couloirs non ? Oui mais et l'aventure alors ? Elle posa la main sur sa tête. La fille ? Les couloirs ? La fille ? Les couloirs ? Elle grimaça et changea imperceptiblement de trajectoire pour s'approcher de la jeune fille, elle était en train de se regarder dans un petit miroir de poche lorsqu'Ellia l'interpella d'une voie peu assurée mais qu'elle supposait audible, mais elle ne sembla même pas s'apercevoir de sa présence, ce n'est qu'après une deuxième tentative un ton plus fort qu'elle daigna détourner le regard de son reflet et lui jeter un regard où trônait une exaspération bien visible et c'est sans même lui adresser un mot qu'elle se retourna avant de s'éloigner avec le claquement régulier de sa talons.
Ellia se trouva incroyablement frustrée, mais elle chassa ce sentiment d'un bref mouvement de tête, ses mains qui s'étaient serrées sur la sangle de sa valise se détendirent alors qu'elle refoula sa frustration en pensant que cette élève avait peut-être mieux à faire que de guider une nouvelle dans les bâtiments . . . Cet échec avait, c'est le moins qu'on puisse dire, fait taire la petite voie prudente. Se bien que le couloir reprit la place qu'il avait quelques secondes auparavant dans son esprit, c'est à dire un obsession. Chaque pas qu'elle faisait vers la double-porte grande ouverte faisait croitre cette attirance vers l'inconnu, si bien qu'elle finit par faire totalement abstraction des gens qui l'entouraient et par heurter un garçon à peine plus âgé qu'elle. Ce dernier réagit au quart de tour et s'indigna avec force, la ramenant à la réalité. Continua de s'énnerver encore un instant puis voyant qu'elle ne lui répondait pas il finit par la pousser sans trop grande violence. Alors qu'il s'apprêtait à passer son chemin une rage incontrôlable grandit en elle, une bouffée suffocante de colère. Sans pouvoir s'en empêcher elle se jeta sur lui et se déchargea de toute sa frustration (disons que la Violente n'avait pas pris les rênes depuis un certain temps), sa rage, l'angoisse de ce nouveau lieu . . . elle le roua de coups de poings, guidée par sa ses poings elle l'avait carrément entrainer par terre, surpris il n'avait d'abord pas réagit mais à présent il tentait vainement de se protéger le visage. Sans même s'en soucié, elle continuait de le frapper, comme si son seule but était de se défouler jusqu'à épuisement, elle ne s'était même pas rendu compte que quelqu'un s'était approché pour la calmer.